« fais pas genre »

La communauté des nageur·ses étant majoritairement féminine, l’influence du genre sur nos trajectoires professionnelles et personnelles a également sous-tendu de nombreuses conversations.
Car, aujourd’hui encore, l’égalité est loin d’être atteinte dans le milieu professionnel, alors même que le taux de diplôme et d’activité des femmes est en augmentation constante depuis les années 60. « Si on entend souvent parler des inégalités salariales, la mixité des genres selon les métiers ne fait pas autant de bruit. En 2018, une étude du Centre d’Information et Documentation Jeunesse (CIDJ) montrait que seuls 17% des métiers étaient mixtes. Une profession étant considérée comme mixte lorsque la part des hommes se situe entre 40 et 60% de l’effectif  » Welcome to the Jungle
En outre, voici quelques témoignages recueillis en bord de bassin pour s’immerger dans cette problématique. La question posée aux nageuses était « As-tu eu l’impression que ton genre a influencé ta trajectoire professionnelle ? »
« Oui, au sens où je me suis tournée vers un univers quasi exclusivement féminin »
« Oui, j’ai l’impression d’avoir une vision moins “conquérante” que les mecs. En tant que “fille” on m’a peut-être moins poussé à m’affirmer, à être plus “confiante”. C’est peut-être un mix entre ma personnalité et mon éducation - assez genrée : attention à ne pas prendre “trop” de place, à être trop expressive etc. Et instinctivement, j’associe la féminité au côté “artistique” – mon domaine premier. »
« Non, pas nécessairement, mais j’ai pris une voie plutôt “classique” en sortie d’études et mon industrie est assez mixte »
« Oui, j’ai toujours évolué dans un univers féminin, passé des entretiens avec des femmes. Je me sentirais un peu mal à l’aise dans un domaine plus masculin je pense »
« Pas vraiment, mais je me pose plus de questions maintenant que je suis dans le grand bain sur la manière dont on me considère et dont on interagit avec moi (et réciproquement). Pour info : j’évolue dans un milieu majoritairement masculin »
(A.Rigaut, 2021)
 

d’une case sociale à une autre

Malheureusement, les questionnements relatifs à la diversité en entreprise ne s’arrêtent pas à la question de genre. De fait, les discriminations avoir de multiples sources : l’ethnie, la religion, l’origine sociale de la personne concernée, son orientation sexuelle, etc.
Ces sujets, encore peu abordés sur le média, jouent pourtant un rôle prépondérant dans nos trajectoires de nage – que ces éléments nous plombent si on les accumule ou favorisent notre aérodynamisme si nous en sommes dépourvu·es.
Dans cette logique d’ouverture et d’inclusivité, plusieurs supports ont été produits pour introduire ces thématique. Une Plouf-letter a donc été consacrée au sujet – en juin 2022 – ainsi qu’un épisode avec Thu-An et Chiguecky du média Origines TV où nous avions échangé autour de l’immigration et orientation.
Au cours de nos échanges, plusieurs thématiques sont ainsi ressorties. En premier lieu, celle de la réussite – fortement liée à l’argent et le prestige dans les milieux sociaux défavorisés vs. l’épanouissement pour les CSP+. Cette évolution de la définition de la réussite – fondée sur des critères de plus en plus abstraits relatifs au développement de soi – s’appuie directement sur la pyramide de Maslow. Les besoins primaires étant comblés, l’on peut donc se concentrer sur d’autres aspects de réalisation de soi.
La pyramide de Maslow x la réussite, discutée dans l’édition L’or sinon rien de la Plouf-letter
La pyramide de Maslow x la réussite, discutée dans l’édition L’or sinon rien de la Plouf-letter
Étant donné qu’en France il faut environ 6 générations pour passer d’un revenu modeste à un revenu moyen, il serait intéressant de savoir dans quelles mesures (et comment) la définition de la réussite évolue de génération en génération. Thu-An et Chiguecky en donnent un premier aperçu personnel dans l’épisode réalisé ensemble.
« Moi ma réussite personnelle elle est beaucoup plus tournée vers ça, construire une famille, que ce que je fais dans la vie et la stabilité » Thu-An Pour Chiguecky, la réponse relève avant tout de la recherche d'un équilibre personnel où « qui je suis ce que pense et ce que je fais » sont alignés
 
En parallèle, est également venu sur la table le sujet de la place qu’occupe travail dans la vie – elle aussi héritée de l’histoire familiale –, son rôle dans le développement personnel ou communautaire selon la responsabilité dont héritait la personne concernée.
Voici quelques témoignages issus de la Plouf-letter susmentionnée 👇
 
« Dans la génération des premiers enfants d’immigrés, je suis pas juste responsable de mon avenir, je suis responsable de sortir de la misère tous les miens […]. Tu ne peux pas juste gagner le SMIC […]. Ça met une pression quand même supplémentaire dans ton choix d’orientation. Tu sais que tu n’es pas responsable que de toi, mais de toute ta famille. » Chiguecky – Au bord du bassin « Mon grand frère ne s’est pas posé la question de s’il pouvait faire un truc qu’il aimait. Il a juste fait ce qu’il devait faire et il m’a aidé à payer mes études […]. moi derrière j’ai pu me permettre un peu plus que lui de me poser la question « est-ce que j’aime ce que je fais ? Et si j’aime pas ce que je fais, est-ce qu’il y a un moyen de faire un truc que j’aime ? » Thu-An – Au bord du bassin « La réussite dans ma famille est encore fortement liée à l’argent […] Bien sûr que mes enfants feront ce qui leur plaît, du moins je le leur souhaite. Moi, je veux constituer un matelas financier confortable. On est la génération entre deux » Auguste (le nom a été modifié), L’or sinon rien (A.Rigaut, 2022)
 
L’objectif est donc de continuer à interroger ces constructions sociales pour aider les nageur·ses à se construire – ainsi que leur parcours – en ayant conscience de leur influence sur leurs choix.
 
 
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©Our Millennials Today, 2022, site par Apolline Rigaut